CHRISTOPHE ARCHAMBAULT via Getty Images

Castex au chevet de Pompili au cœur d’un été difficile (illustration photo prise le 27 juillet)

POLITIQUE – Barbara Pompili est-elle une Ayatollah de l’écologie? Le numéro trois du gouvernement pourrait, lors du conseil des ministres de rentrée mardi prochain, demander à son collègue Eric Dupond-Moretti si vous étiez préoccupé par votre récente diatribe contre les défenseurs des droits des animaux.

En attendant, il accueille Jean Castex, et le secrétaire d’Etat chargé de la Ruralité Joël Giraud, ce samedi 22 août, dans son département de la Somme. Au programme: une visite de la réserve naturelle nationale de l’étang de Saint-Ladre suivie d’une rencontre avec les élus locaux sur le thème du développement durable.

Mais le déplacement du chef du gouvernement prend aussi la forme d’un soutien public à son ministre. Car au-delà de certaines divergences de vue avec le garde des sceaux – qui avait écrit la virulente préface du livre du chef chasseur avant d’être nommé – Barbara Pompili vit les premières semaines délicates dans votre ministère.

Affaibli après un été?

Reconnu comme un spécialiste des questions environnementales, l’ancien cadre d’Europa Ecología Los Verdes a déjà dû faire des concessions. Plus dommageable pour sa crédibilité, elle a démissionné d’une mesure qu’elle avait elle-même portée à l’Assemblée nationale en 2016: l’interdiction des néonicotinoïdes, pesticides les soi-disant “tueurs d’abeilles”.

Le gouvernement a promis une modification législative de l’industrie de la betterave sucrière, menacée par le virus de la jaunisse. Ainsi, les agriculteurs pourront utiliser de 2021 à 2023 au plus tard, dans des «conditions strictes», des semences de betteraves enrobées de ce produit qui ont été interdites il y a plusieurs années.

READ  L'ADN d'Estelle Mouzin dans un matelas Fourniret: la preuve tant attendue

Une décision que le numéro trois du gouvernement justifie aujourd’hui comme “la seule solution possible à court terme pour éviter l’effondrement de l’industrie sucrière”. Il ne suffit pas de rassurer les défenseurs de l’environnement qui se sont précipités pour dénoncer une première démission, exhumant une vidéo dans laquelle le ministre a porté une accusation sévère contre les célèbres néonicotinoïdes au Palais Bourbon.

D’autant que ce changement pourrait en exiger d’autres. La question de l’augmentation des quotas de chasse à la queue, par exemple, est sur la table, malgré l’intention annoncée de Barbara Pompili de les abaisser.

Les chasseurs ont obtenu un rendez-vous à Matignon cet été pour défendre leur cause, après avoir menacé de manifester près du lieu de vacances d’Emmanuel Macron. L’arbitrage, symbolique autour de cette pratique jugée «barbare» par les défenseurs de la condition animale et vilipendée par la Commission européenne, devrait avoir lieu à la fin de l’été.

Quel champ d’action?

Pendant ce temps, le ministre a été assez calme ces dernières semaines. Rien sur l’offensive des chasseurs menée par Willy Schraen notamment, alors que ses quelques partisans à l’Assemblée nationale Je me demande où est ce lobby, ni des positions fortes de son collègue au gouvernement.

Mais surtout, ces quelques débuts posent la question du poids de Barbara Pompili et de son champ d’action. Sévère, Julien Bayou estime “qu’elle est l’otage d’une arnaque, du gouvernement Castex, et d’un président qui l’oblige cruellement à se parjurer”.

Et le chef de l’Ecologie de l’Europe les Verts d’ajouter, à France Inter: «Si Hulot échouait, nous pourrions mettre Chuck Norris ou n’importe qui en écologie, ce serait pareil. Nous ne pouvons pas défendre le puissant lobby de la betterave et la biodiversité en même temps. Nous ne pouvons pas défendre la biodiversité et tuer les abeilles en même temps ». Contacté par Le HuffPost, le ministère de la Transition écologique n’a pas donné suite.

READ  Les États-Unis face à la conflagration, Trump parie sur les vaccins

C’est donc une Barbara Pompili un peu affaiblie que Jean Castex retrouve ce samedi sur la Somme. L’occasion de montrer la pleine mobilisation du gouvernement sur les questions environnementales, celle du Premier ministre aux commandes, lui le défenseur de «l’écologie locale» face aux partisans de «l’écologie punitive, décroissante, moralisante, sectaire. “Une autre façon de dire ayatollah.

Voir aussi dans Le HuffPost: Interrogé par L214, le ministre de l’Agriculture déchire le micro d’un journaliste