Les Français sont mécontents que le gouvernement relève l’âge de la retraite et le fasse sans vote parlementaire.

Les travailleurs français en colère contre le relèvement de l’âge de la retraite ont bloqué l’accès à un terminal de l’aéroport Charles de Gaulle à Paris lors d’une journée de manifestations à l’échelle nationale.

Les manifestations de jeudi ont forcé certains voyageurs à arriver à pied.

Les services ferroviaires ont également été perturbés et certaines écoles fermées alors que les ordures s’entassaient dans les rues et la production d’électricité a été coupée alors que les syndicats faisaient pression sur le gouvernement pour qu’il retire la loi retardant la retraite de deux ans, la faisant passer de 62 à 64 ans.

Des panaches de fumée ont été vus s’échapper de tas de gravats brûlants bloquant la circulation sur une autoroute près de Toulouse dans le sud-ouest de la France, et des grèves sauvages ont également brièvement bloqué des routes dans d’autres villes.

La manifestation spontanée près du terminal 1 de l’aéroport n’affecterait pas les vols, a déclaré un porte-parole d’Aéroports de Paris.

Les manifestants tiennent une bannière indiquant « Nous avons un travail, ce n’est pas à mourir » lors d’une manifestation une semaine après que le gouvernement a poussé une réforme des retraites au parlement sans vote, en utilisant l’article 49.3 de la constitution française, à Nantes , dans l’ouest de France. [Loic Venance/AFP]

Des rassemblements de protestation étaient prévus plus tard dans la journée à travers le pays, y compris dans la ville septentrionale de Dunkerque.

Le président Emmanuel Macron a déclaré mercredi que la législation, que son gouvernement a approuvée au Parlement français sans vote la semaine dernière, entrerait en vigueur d’ici la fin de l’année malgré l’escalade des tensions.

« La meilleure réponse que nous puissions donner au président, c’est qu’il y a des millions de personnes en grève et dans la rue », a déclaré Philippe Martínez, qui dirige la Confédération générale du travail (CGT).

Paul Kantola, un menuisier de 57 ans, a déclaré à l’agence de presse AFP qu’il devait se lever à 5 heures du matin pour aller travailler. Cependant, il a dit qu’il était d’accord avec les manifestants.

« C’est effrayant de vieillir dans ces conditions. Déjà quand vous avez une pension, ce n’est pas assez pour vivre », a déclaré Kantola, qui vit à Nanterre, en banlieue parisienne.

Les changements de politique accélèrent une augmentation planifiée du nombre d’années pendant lesquelles une personne doit travailler pour gagner une pension à taux plein.

Des protestations contre les mesures ont éclaté depuis janvier.

« Montée en colère »

La plupart des manifestations ont été pacifiques, mais la colère a grandi depuis la décision du gouvernement la semaine dernière.

Les sept dernières nuits ont vu des manifestations spontanées à Paris et dans d’autres villes, avec des poubelles incendiées et des manifestants se battant avec la police.

Laurent Berger, le dirigeant du plus grand syndicat français, la Confédération française démocratique du travail (CFDT), a déclaré à BFM TV que le gouvernement devait retirer la loi sur les retraites.

Les commentaires de Macron « ont accru la colère », a-t-il déclaré.

Un manifestant tient une banderole indiquant « Non au 49.3 », une clause spéciale de la Constitution française utilisée pour faire passer le projet de loi sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale sans vote des législateurs. [Eric Gaillard/Reuters]

Le schisme représente le défi le plus sérieux lancé à Macron depuis la révolte des « gilets jaunes » il y a quatre ans.

Les sondages montrent qu’une grande majorité de citoyens français s’opposent à la législation sur les retraites et à la décision de la faire adopter sans vote parlementaire.

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a déclaré que le gouvernement ne niait pas les tensions mais voulait passer à autre chose.

« Il y a un désaccord qui persistera sur l’âge de la retraite. D’un autre côté, il y a beaucoup de questions qui nous permettent de renouer le dialogue », a-t-il déclaré, parmi lesquelles la manière dont les entreprises partagent leurs bénéfices avec les travailleurs.

« Les choses se feront progressivement », a-t-il dit.

Macron, 45 ans, en est à son deuxième et dernier mandat et se dit convaincu que le système de retraite français a besoin d’une réforme pour le maintenir financé.

Les opposants ont proposé d’autres solutions, notamment des impôts plus élevés pour les riches ou les entreprises, qui, selon Macron, ancien ministre de l’Economie, nuiraient au système financier.