- De Hugh Schofield et Robert Plummer
- BBC News, Paris et Londres
Voir : Émeute dans les rues de Paris et huées au parlement sur l’augmentation de l’âge de la retraite
La police de Paris a affronté des manifestants après que le gouvernement français a décidé de forcer la réforme des retraites sans vote au parlement.
Les foules ont convergé vers la place de la Concorde en réaction au relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.
Les plans avaient déclenché deux mois de débats politiques houleux et de grèves.
Enfin, la Première ministre Élisabeth Borne a invoqué l’article 49:3 de la constitution, qui permet au gouvernement d’éviter un vote à l’Assemblée.
La décision a été prise quelques minutes avant la date prévue pour le vote des députés sur le projet de loi controversé, car il n’y avait aucune garantie d’obtenir une majorité.
La mesure a provoqué un tollé parmi les politiciens de l’opposition. Beaucoup ont hué le Premier ministre, chanté La Marseillaise et brandi des banderoles de protestation au parlement.
Une motion de censure sera déposée contre le gouvernement du président Emmanuel Macron, a suggéré la chef de l’opposition d’extrême droite Marine Le Pen.
La chef de file du parti de gauche La France Insoumise (LFI), Mathilde Panot, a tweeté que Macron avait plongé le pays dans une crise gouvernementale, sans légitimité parlementaire ni populaire.
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Paris et d’autres villes françaises pour rejeter la mesure, chantant l’hymne national et agitant des drapeaux syndicaux.
Certains manifestants ont affronté la police en fin d’après-midi. Un feu a été allumé au milieu de la place de la Concorde et des policiers munis de boucliers et de matraques ont tiré des gaz lacrymogènes et se sont déplacés pour dégager la place.
A la tombée de la nuit, 120 personnes avaient été interpellées, a indiqué la police parisienne à l’AFP.
Mais les syndicats ont juré de maintenir leur opposition aux modifications des retraites, et la Confédération générale du travail (CGT) a déclaré qu’une autre journée de grèves et de manifestations était prévue le jeudi 23 mars.
La procédure constitutionnelle qui a suscité toute cette colère peut sembler obscure, mais c’est une partie très importante du vocabulaire politique en France.
Bien que Macron ait été réélu l’année dernière sur une plate-forme de réformes des retraites, sa coalition au pouvoir n’a pas la majorité à l’Assemblée et aurait eu besoin du soutien du Parti républicain pour faire passer les modifications des retraites.
Les responsables du parti Renaissance de Macron ont passé la matinée à forcer frénétiquement les membres à se mettre en ligne pour tenter de faire adopter leur projet de loi.
Ils savaient que certains de leurs députés pouvaient voter contre ou s’abstenir, compte tenu de l’impopularité évidente du projet de loi, alors ils ont eu recours à des pouvoirs constitutionnels spéciaux.
Mais chaque fois qu’un gouvernement invoque 49:3, vous pouvez être sûr qu’il sera immédiatement accusé de piétiner la volonté du peuple.
En fait, il a été utilisé précisément 100 fois au cours des plus de 60 ans de la Ve République, et par des gouvernements de toutes nuances.
Évidemment, il est plus souvent utilisé par des gouvernements qui n’ont pas de majorité intégrée au parlement, comme le socialiste Michel Rocard dans les années 1980 et Élisabeth Borne aujourd’hui.
En fait, il l’a déjà utilisé plusieurs fois, mais ces fois-là, c’était pour des projets de loi de finances publiques moins controversés.
L’utilisation de la procédure est un moyen de contourner un vote qui pourrait être perdu, mais l’inconvénient pour le gouvernement est que les partis d’opposition peuvent immédiatement soumettre un vote de défiance.
S’ils sont approuvés, le gouvernement tombe. C’est une possibilité théorique maintenant, mais peu probable, car cela signifierait que l’extrême droite, la gauche et une grande partie de l’opposition conservatrice se réuniraient.
Le différend donne une fois de plus l’impression que la France est irréformable. Par rapport à d’autres pays d’Europe, l’évolution de l’âge de la retraite est loin d’être spectaculaire.
Mais les opposants qualifient régulièrement le projet de loi de « brutal », « inhumain » et « dégradant ».
Le moral en France est bas et s’affaiblit, et les gens voient la retraite comme une lueur d’espoir pour l’avenir. Mais beaucoup pensent que c’est la règle d’un homme riche qui enlève même cela.
REGARDEZ : les parlementaires français huent le Premier ministre et chantent l’hymne national sur la réforme des retraites
« Spécialiste de la culture pop. Explorateur sympathique. Passionné de voyages hardcore. Fanatique d’alcool. Organisateur. »