Emmanuel Macron et Marine Le Pen s’affronteront dans un débat télévisé en direct mercredi soir qui pourrait s’avérer crucial pour prendre une décision pour les électeurs indécis quatre jours avant le second tour de la présidentielle française.

L’épreuve de force de deux heures et demie, à fort enjeu, la seule confrontation directe entre les deux candidats, est une tradition des campagnes présidentielles françaises depuis 1974, confirmant ou frustrant souvent les ambitions électorales.

Les récents sondages donnant à Macron une avantage jusqu’à 12 points avant le vote de dimanche, Le Pen sera prêt à ne pas reproduire jeu mal préparé, confus et agressif qui a scellé sa perte éventuelle en 2017.

“Le débat a été un échec pour lequel j’ai payé un prix très élevé”, a admis Le Pen le mois dernier, promettant de ne pas commettre deux fois les mêmes erreurs. L’un de ses plus proches conseillers, Philippe Olivier, a déclaré qu’il “préparait ce moment depuis cinq ans”.

La course est beaucoup plus serrée cette année et pour Macron, qui a gagné avec une marge de 66 % à 34 % il y a cinq ans, le plus grand danger peut être de paraître arrogant, un trait pour lequel il est souvent critiqué, tout en attaquant ce qui a. il a qualifié les politiques « fantasmées » de Le Pen.

“Cela ne peut pas sembler trop technique, trop professionnel”, a déclaré un assistant de Macron. «Tout ce qu’il a à faire est d’être du côté du peuple; il ne peut pas être dédaigneux. Mais il doit expliquer les problèmes, les incohérences, les impossibilités de son programme. C’est un exercice d’équilibre difficile.”

Le président part également désavantagé puisqu’il a cette fois un bilan que son challenger pourra attaquer. “Il est dans une position beaucoup plus compliquée : il a quelque chose à défendre”, estime Jean Garrigues, historien et politologue.

Mais Macron fait face à un rival en perte de vitesse comme son premier manifeste en France, qui comprend la consécration d’une “préférence nationale” pour le travail, le logement et la protection sociale et proclamant la primauté du droit français sur le droit international, apportant France en conflit immédiat avec l’UE – fait l’objet d’un examen plus minutieux.

Macron peut également pointer vers un taux de chômage au plus bas depuis 13 ans et une économie qui a surperformé les autres grands pays européens, et est susceptible de confronter Le Pen sur son admiration passée pour Vladimir Poutine et son projet d’interdire le port du hijab. en public.

Pour sa part, Le Pen tentera de se présenter comme une dirigeante crédible et une championne des travailleurs, et de présenter Macron comme appartenant à une élite déconnectée, avec des lignes d’attaque possibles, notamment le plan controversé de Macron visant à relever l’âge de la retraite.

“La peur est le seul argument dont dispose le président actuel pour essayer de rester au pouvoir à tout prix”, a déclaré le chef de l’Association nationale dans un clip de campagne cette semaine, accusant Macron de prêcher à mort sur une présidence d’extrême droite.

Le débat, qui débutera à 21h00 heure locale, sera retransmis en direct sur les deux principales chaînes de télévision publiques et privées françaises, ainsi que sur les chaînes d’information en continu. Il est susceptible d’attirer un public de millions de personnes (le choc de 2017 a été regardé par 16,4 millions de personnes) et a été soigneusement chorégraphié, avec chaque détail convenu par les deux parties.

Chacune des équipes a désigné des “producteurs consultants” qui seront en studio et pourront intervenir s’ils estiment que leur candidat est défavorisé. Une toile de fond acceptable pour les deux parties a été conçue et une distance de 2,5 mètres a été établie entre les adversaires. La température du studio sera fixée à 19C.

Un tirage au sort a déterminé que Le Pen parlera en premier et Macron aura le dernier mot. Le débat abordera huit thèmes : coût de la vie ; la politique sociale, y compris les pensions et les soins de santé ; environnement; l’économie; éducation; la loi et l’ordre; immigration; et la réforme institutionnelle.