Salut Bigot,

Il y a eu beaucoup de doutes de la part de Moscou, et il n’est pas certain que la position russe soit définitivement en suspens. Par principe, les dirigeants russes n’aiment pas l’idée qu’une manifestation populaire remette en question la légitimité d’un dirigeant élu, quelle que soit la légitimité de l’élection en question. Le parallèle avec la situation russe se dessine rapidement, que ce soit au Kremlin ou parmi ses opposants. L’autre point de départ est que cette question est presque perçue à Moscou comme une affaire interne russe. Lorsque la diplomatie russe met en garde contre «l’ingérence» étrangère, c’est l’Occident, pas la Russie.

Cependant, il y a une difficulté: soutenir trop activement Loukachenko revient à aliéner une grande partie de la population biélorusse, même si les manifestations n’ont pas un caractère anti-russe. Par conséquent, il y avait une tentation, du côté russe, de faire pression sur Loukachenko pour qu’il dialogue. Avec qui et dans quel sens, il n’est pas certain que les Russes eux-mêmes le sachent précisément, mais c’est ainsi que les appels russes à la «réforme constitutionnelle» peuvent être interprétés.

Cependant, nous avons l’impression que cette option est devenue minoritaire à Moscou. Depuis dix jours, les marques de soutien à Loukachenko se sont multipliées. Le plus clair est l’annonce par Vladimir Poutine de la constitution d’une «réserve» de membres de la police, qui interviendrait en cas de rétrogradation. Cela ressemble plus à une menace contre les manifestants qu’à un plan pour mettre fin à la crise, mais le message est clair: malgré les désaccords persistants qui ont entravé la relation entre Loukachenko et Poutine, cela ne décevra pas un allié.

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Nous sommes donc au milieu et il semble y avoir une tentation à Moscou d’utiliser au maximum la faiblesse actuelle de Loukachenko pour lui extorquer de l’argent pour la cession de souveraineté qu’il a refusée pendant vingt ans. Formellement, cela revient à souligner le traité d’union de 1999 entre les deux pays, qui prévoit une intégration très large. Lukashenko devrait être à Sotchi lundi, et ce sont les questions qui sont à l’ordre du jour. Symboliquement, hier, l’ambassadeur de Russie à Minsk a offert au président un atlas de la Biélorussie datant de l’époque où la plupart de ses provinces appartenaient à l’Empire tsariste: si Loukachenko veut espérer sauver sa place, il doit remettre son pays entre ses mains. De Russie.

Mais encore une fois, quelle peut être la légitimité de tels accords conclus par un dirigeant discrédité? Et quels effets cela aura-t-il sur l’opinion biélorusse à long terme? En agissant brutalement pour des gains ponctuels, Moscou risque de «perdre» la Biélorussie. Sans aucune garantie que leur soutien sera suffisant pour sauver Loukachenko …